La côte d’Opale

  • juin 23, 2025
Voyage en Côte d'Opale
du 15 au 22 juin 2025
Péronne, la porte de Bretagne

Dimanche 15 juin, sous les trombes d’eau d’un violent orage, 29 adhérents de la SAMD quittent Dijon pour un périple de huit jours dans le nord de la France et sur les bords de la Côte d’Opale. Après un arrêt rapide à Saint-Quentin qui nous permet de retrouver le restaurant déjà expérimenté en 2023 lors du premier voyage dans le département du Nord, nous arrivons à Péronne, cité chère aux Bourguignons avec le rappel de l’entrevue entre Louis XI et Charles le Téméraire. Sous la conduite d’un guide nous découvrons les vestiges d’une cité régulièrement dévastée par des guerres successives, et profitons d’une agréable promenade champêtre aménagée le long des anciennes fortifications, avant de reprendre le car pour Lens.

 

La matinée fut entièrement consacrée à la visite du musée Louvre-Lens et sa nouvelle Galerie du temps, inaugurée fin 2024. Si l’architecture du bâtiment ne laissa personne indifférent, la visite guidée passionna tous les adhérents répartis en deux groupes pour plus de confort. La fin de la matinée libre permit aux uns de retourner apprécier tranquillement cette passionnante mise en scène de l’évolution de la création artistique à travers les siècles, les pays et les continents, aux autres de jeter un coup d’œil à l’exposition temporaire S’habiller en artiste. L’artiste et le vêtement

Le Christ en Croix, œuvre de François Rude terminée par Paul Cabet

Après déjeuner, départ pour Saint-Omer avec visite du musée Sandelin, installé au centre-ville dans un somptueux hôtel particulier du XVIIIe siècle, reconstruit par Pierre Sandelin comte de Fruges et terminé par son épouse. Nous sommes accueillis par le président des Amis du musée Monsieur Minet, avant la visite guidée, qui nous permet d’admirer une riche collection de peintures plus particulièrement flamandes et françaises du XVIIIe siècle, de mobilier et de céramiques venues d’Europe et d’Asie. La journée se termina par la visite de la cathédrale Notre-Dame, sous la houlette de Catherine Gras.

La Vierge au donateur Joos van den Damme, auteur anonyme du XVe siècle

La matinée du troisième jour fut consacrée à la visite du musée de Flandre à Cassel, installé dans l’Hôtel de la Noble Cour, construit en 1634. Consacré à la création artistique de la Flandre, aussi bien française que belge, il présente un large éventail d’œuvres peintes et sculptées allant du XVe siècle à nos jours. L’exposition temporaire, Brueghel & Van Balen, artistes & complices, nous fut présentée par une guide qui s’attacha à mettre en valeur les points communs et les différences de ces deux artistes anversois du XVIIe siècle, qui eurent aussi l’opportunité de réaliser des tableaux en commun. 

Promenade découverte sur le front de mer.

Après cette matinée riche en découvertes, et un déjeuner typique de la gastronomie locale pris sur la Grand’Place de cette petite cité, classée Village préféré des Français en 2018, le car prit la direction de Dunkerque et de la mer. Après une visite panoramique de la ville en car l’attention se porta sur la cité balnéaire de Malo-les-Bains et ses villas de la Belle Epoque style Art Déco. Elle tire son nom de son fondateur, Gaspard Malo, fils d’un corsaire devenu propriétaire d’immenses terrains qu’il vendra en terrains à bâtir. Une guide mena notre groupe à travers les rues de ce quartier élégant, où des villas de tous les styles se succèdent, plus ou moins bien restaurées. Une promenade sur le long front de mer permit à toutes et tous en fin d’après-midi de respirer l’air du large et de profiter d’une température devenue fort agréable, avant de retrouver l’hôtel au centre de Dunkerque, près du beffroi de cette ville détruite à 70 % lors de la dernière guerre.

Le mercredi fut consacré le matin à la visite à Calais de la Cité de la dentelle et de la mode. Elle occupe d’anciens ateliers de tissage reconfigurés en musée et retrace l’histoire de la dentelle tissée sur métiers, les évolutions industrielles qui permirent le développement de cet artisanat d’art. Des professionnels nous montrèrent la grande dextérité manuelle qui est toujours nécessaire pour réaliser ces tissus d’exception. 

 Ce site muséal remit en mémoire pour certains la visite du site de Caudry effectuée lors de notre voyage de 2023. Des vitrines exposent les créations de couturiers contemporains recourant largement à cette dentelle (Yves Saint-Laurent, Chanel, Lacroix, Chantal Thomass …). 
Des expositions temporaires sur la mode sont également présentées régulièrement. Cette année c’est la créatrice Yiqing Yin qui est à l’honneur sur le thème D’air et de songes. Cette artiste pluridisciplinaire puise son inspiration dans le règne végétal, animal et minéral et crée un monde de rêve, onirique, explorant l’univers de la métamorphose.

Après déjeuner, visite guidée du centre-ville, avec l’incontournable statue des Bourgeois de Calais de Rodin devant le spectaculaire Hôtel de Ville et son beffroi haut de 78 mètres. Puis découverte de la Côte d’Opale en longeant la côte jusqu’au cap Blanc-Nez et au cap Gris-Nez, au milieu des moutons boulonnais en estive à côté de casemates, vestiges de la dernière guerre, dans les prés-salés, sous les rayons du soleil s’apprêtant à se coucher dans  une mer calme et bleue.

Statue des Bourgeois de Calais
Hôtel de Ville de Calais
Statue des Bourgeois de Calais

Le cinquième jour de ce périple se passa à Boulogne-sur-Mer. Le matin nous retrouvons Madame Roussel, des Amis du musée de Boulogne pour la visite d’un lieu surprenant, la très vaste crypte de la basilique Notre-Dame (environ 1400 m2) qui domine Boulogne, aménagée au XIXe siècle autour de la crypte romane redécouverte lors de la construction de cette basilique. Les murs et les voûtes sont entièrement recouverts de fresques du XIXe siècle (plus de 4000 m2). Elle a été aménagée en musée, abritant les vestiges archéologiques d’époque romaine, les collections d’art sacré et lapidaire de la ville. Cette crypte abrite également la chapelle du général San Martin, figure héroïque célèbre en Argentine, au Pérou et au Chili, qu’il libéra du joug espagnol. Elle attire toujours de nombreux habitants, notamment des militaires, qui y viennent en pélerinage.

Statue de procession en bronze argenté
Chapiteau avec une Eve

Après un déjeuner succulent, conçu entièrement autour du poisson dans un restaurant typique sur le port, l’après-midi fut consacré à la visite de Nausicaa, qui présente le plus grand aquarium d’Europe avec des raies Manta, des requins et une multitude de poissons. Ce centre est également le plus important en Europe pour l’élevage des coraux. La visite étant libre, chacun se dispersa avec son audioguide en fonction de ses centres d’intérêt, attiré par le repas des lions de mer, les poissons exotiques ou les explications sur les conséquences du changement climatique … avant le retour à l’hôtel niché près de la mer, dans une forêt de pins maritimes.


Le vendredi fut consacré à la baie de Somme. En quittant l’hôtel il y eut tout d’abord la découverte extérieure du château d’Hardelot et dans son parc d’un théâtre élisabéthain inauguré en 2016, théâtre rond, mais ici protégé par une verrière, reproduisant le célèbre théâtre Globe de Londres où étaient représentées les pièces de Shakespeare.

Château d’Hardelot
Théâtre élisabéthain d’Hardelot

Ensuite direction la chapelle du Saint-Esprit à Rue dans le Marquenterre, lieu peu connu malgré la splendeur de la décoration de style gothique flamboyant, qui n’est pas sans faire penser à l’église du monastère royal de Brou. C’est tout ce qui reste d’une imposante église qui abritait un crucifix miraculeusement échoué sur la grève en 1101. Des niches abritent les bienfaiteurs de la chapelle, Isabelle du Portugal, épouse de Philippe le Bon, puis Louis XI. La Bourgogne est encore évoquée par la présence d’escargots dans les rinceaux de feuilles de vigne

Après l’architecture la nature avec les circuits pédestres, selon les possibilités de chacun, dans le parc ornithologique de Marquenterre. Ce n’est pas la meilleure période pour observer les oiseaux, déjà partis pour beaucoup. Mais il fait un temps splendide, la nature est belle et la promenade dans le silence de la nature très agréable. Après les moules/frites du déjeuner visite à la Maison de la Baie de Somme pour des explications détaillée sur l’écosystème de cette région, avant de rejoindre Saint Valéry sur Somme, déposer les bagages et nous préparer pour la mini-croisière dans la baie, avec l’espoir d’apercevoir les phoques… Nous verrons « deux têtes » selon le commandant nageant à bonne distance du bateau, avant de revenir à quai et regagner nos hôtels.

Le parc ornithologique de Marquenterre
Notre groupe s’échelonnant sur le parcours ornithologique
Coucher de soleil sur la baie de Somme

Le programme de l’avant-dernier jour nous fait entamer le trajet du retour, puisque nous commençons le matin par une visite guidée de la ville d’Abbeville. Nous débutons par la collégiale Saint Vulfran, de style gothique flamboyant, érigée entre 1488 et 1663 pour le chœur. Elle fut en grande partie détruite pendant la seconde guerre mondiale, sa restauration ne se terminant qu’en 1998.. L’ensemble frappe par son élévation, accentuée par l’étroitesse relative de la nef. Les chapelles latérales sont richement décorées. Le centre-ville avec son beffroi, ses hôtels pourvus de vastes jardins devenus publics comme l’Hôtel d’Emonville, ses vieilles maisons en bois rescapées des bombardements, fut découvert au cours d’une promenade guidée, avant le départ pour Amiens.

Abbeville. Le beffroi, construit en 1209
Abbeville. Jardins de l’Hôtel d’Emonville, construit au XIXe siècle, ouverts au public
Abbeville. Maison ancienne en bois du XVIIe siècle

La découverte de la capitale historique picarde, traversée par la Somme, commença par la visite de la maison de Jules Verne, qui vint habiter Amiens en 1882. Cet hôtel particulier cossu donne une image vivante de la vie de cet auteur célèbre, rappelle ses liens étroits avec son éditeur Hetzel et nous montre à voir son bureau, ses sources d’inspiration, les nombreuses éditions dans toutes les langues de ses romans d’anticipation à succès …. Son implication dans la vie locale se traduit encore de nos jours par le cirque municipal Jules-Verne, inspiré du cirque d’été de Paris, ainsi baptisé car l’écrivain en avait été un fervent partisan et l’avait inauguré en 1889. 

Amiens. Cour d’entrée de la maison de Jules Verne
Amiens. La chambre de Jules Verne

La chaleur étant accablante, la visite de l’immense cathédrale Notre-Dame avec sa relative fraîcheur fut la bienvenue. La guide sut nous montrer toutes les richesses de cet édifice, tant au niveau de l’architecture qu’au niveau des sculptures, de la ferronnerie et de la décoration des nombreuses chapelles du chœur ou latérales.

Amiens. Le centre du labyrinthe avec l’effigie des trois architectes et de l’évêque fondateur
Amiens. Détail de la clôture du chœur
Amiens. Gisant d'Adrien de Hénencourt dans un enfeu du soubassement de la clôture du chœur.
Amiens. La chaire de vérité
Amiens. La nef avec une partie du labyrinthe

Le retour ne pouvait se faire sans une promenade en barque dans les hortillonnages, plus utilisés maintenant pour l’usage privatif que pour le maraîchage. Visite dans le calme, la verdure et la sérénité. Coïncidence, ce dernier jour de notre commença comme le premier par un orage, beaucoup moins violent cependant !

Voyage pluvieux, voyage heureux ? Ces deux intempéries au cours d’un séjour marqué par le beau temps et la chaleur ne feront pas mentir cet adage. Ce voyage dans le Nord et sur la Côte d’Opale a été particulièrement riche en découvertes architecturales, picturales mais aussi naturelles. Il fut très varié et surtout riche en échanges personnels et amicaux.
Annie Haïk

Amiens. Embarquement pour la découverte des hortillonnages