Visite de l’exposition « Jean Dampt, tailleur d’images ». (2 V.P.)
- novembre 17, 2025

Visite « privilège », par Naïs LEFRANÇOIS
Conservatrice, responsable des collections du XIXe siècle au Musées de Dijon
le 17 novembre 2025
Il aura fallu à Naïs Lefrançois et à son équipe, plus de trois ans de recherche et de travail pour sortir Jean Dampt de l’injuste oubli dans lequel il était tombé. Dans cette remarquable exposition, 160 objets et œuvres témoignent de la qualité du travail d’un artiste qui se considérait comme un artisan. Ce personnage original, végétarien, bourguignon buveur d’eau ! a vécu à cheval sur le 19ème (né en 1854) et le 20ème (mort en 1945), pour une grande part à Paris sans jamais renier son ancrage Bourguignon. Il a bénéficié de l’aide et du mécénat de la comtesse De Nansouty à Grignon, puis de la comtesse De Behague à Paris.
Sculpteur, médailleur, ébéniste… Dampt a travaillé le marbre, le bronze, le bois, l’ivoire, l’acier, l’or. L’exposition commence par un échantillon de ses remarquables dessins, puis viennent les premières sculptures (Ismael mourant de soif) et les premiers succès dans les années 1880 comme le Saint Jean Baptiste enfant. Une collection de bustes : actrices célèbres, peintres, intellectuels… montrent le monde dans lequel l’artiste vivait à Paris.
Très influencé par le courant symboliste, Dampt va produire des œuvres comme « la fin du rêve » mais ce sont ses têtes d’enfants et de bébés qui vont lui assurer les plus grands succès. Son travail de virtuose dans le marbre ou la pierre de Comblanchien, son mélange bois, marbre polychromie comme dans le « baiser de l’aïeule » ne peuvent pas laisser indifférent.
Fils d’ébéniste, il voyait « l’art dans tout » et a produit des meubles, comme ce lit ou chaque détail est un symbole. Cependant c’est avec les figurines qu’il a atteint les sommets de son art, en témoigne ce chef d’œuvre en ivoire et acier ciselé « la fée Mélusine et le chevalier Raymondin »
Dans les années de l’entre deux guerres, Dampt va essentiellement réaliser des monuments aux morts (Dijon, Semur…). Son décès en 1945, sans famille pour valoriser son œuvre, le changement d’époque vont le précipiter dans l’oubli. Pour ceux qui parcourent cette exposition la découverte est totale et il faut remercier chaleureusement Naïs Lefrançois pour l’éclairage qu’elle a su nous fournir. J’espère que ces quelques lignes vous donneront envie d’y courir au moins autant que j’ai envie d’y retourner.
Jean Pierre Alimondo






