Les Deux filles du comte de Sellon, de Genève
Dessin, vers 1792
Auteur : Bénigne GAGNEREAUX (Dijon, 1756 – Florence, 1795). École Française
Plume et encre noire, lavis gris, jaune et beige, sur tracé préparatoire au graphite sur papier
Hauteur : 12,3 cm ; Largeur : 15,1 cm. Inv. 1995-1-1
Inscriptions / marques : titre au dos : « Les Deux filles du comte de Sellon, de Genève »
Bénigne Gagneraux est l’élève de François Devosge à l’École de Dessin de Dijon de 1767 à 1776, date à laquelle il part à Rome aux frais de la province de Bourgogne.
Après des débuts difficiles, il obtient ses premiers succès grâce à sa composition de 1784, « Œdipe aveugle recommande sa famille aux dieux », que Gustav III de Suède lui achète, marquant là le début d’une grande faveur auprès de l’élite européenne alors présente à Rome. Il obtient dès lors une réputation à la mesure de sa clientèle tant romaine qu’étrangère : suédoise, mais aussi portugaise, suisse, enfin française, comble pour lui qui n’est jamais allé à Paris.
Si Goethe le classait parmi les artistes auxquels la France doit son extraordinaire réputation, au même titre que Desmarais ou Saint-Ours (« Italienische Reise », vol. III), il appartient pleinement au milieu culturel romain. Rome où se côtoient alors Füssli, Sergel, Canova, Batoni, Kaufmann ou encore David. (Notice d’Emmanuel Starcky, 2000)
Il s’agit du dessin préparatoire à l’une des dix-huit estampes au trait composées et gravées à Rome en 1792 et regroupées en un recueil dont trois exemplaires sont connus (Musée des Beaux-Arts de Dijon, Département des Estampes de la Bibliothèque nationale, Bibliothèque royale de Stockholm). Ce recueil, l’un des premiers de ce type à paraître, comporte quatre types de représentations : des scènes de jeunes filles vêtues à l’antique, des figures mythologiques, et des pastorales.
Le portrait des deux filles du comte de Sellon est la première planche du recueil. Sans doute les retrouve-t-on dans la 17e planche, intitulée « La peinture ». Selon le témoignage de Bruun Neergaard, les trois filles du comte pratiquaient le dessin et la peinture, avec un » goût du vrai beau » qu’elles avaient acquis » en parcourant l’Italie avec leur père « . Caprice à l’antique plus que véritable portrait, hommage à la peinture tout autant qu’aux modèles, le dessin, qui présente très peu de différence avec la gravure, est d’un charme et d’une élégance bien caractéristiques du talent de Gagneraux pour le dessin au trait.
La personnalité du comte de Sellon, de Genève, père des jeunes filles représentées, doit aussi être soulignée : cet amateur suisse collectionnait les œuvres de Gagneraux, et a possédé notamment le » Génie de la paix arrêtant les chevaux de Mars « , 1794 (Musée d’Art et d’Histoire de Genève), et » Les Vestales recevant le palladium des mains de Metellus » (Dijon, Musée des Beaux-Arts).
Historique : Collection Frédéric Archambeaud
Don de la Société des Amis des Musées de Dijon, 1995
© photo François Jay