Charles LAPICQUE

L’Arrestation

L’Arrestation
Dessin, 1945
Auteur : Charles LAPICQUE (Theizé, 1898 – Orsay, 1988). École Française
Crayon et fusain sur papier
Hauteur : 26,9 cm ; Largeur : 20,9 cm. Inv. 2009-6-1
Inscriptions / marques : signature / date en bas à gauche, au crayon : « Lapicque 1945 »

C’est en 1928 que Charles Lapicque abandonne sa carrière d’ingénieur pour se consacrer à la peinture. Après avoir été à la limite de l’abstrait, l’artiste crée une nouvelle représentation de l’espace par sa synthèse de l’esprit cubiste et de ses recherches scientifiques qui le conduisent à renverser la répartition classique des couleurs dans le tableau. Inspiré par ses souvenirs de l’univers marin dont il est très proche, l’histoire et les mythologies grecques et romaines, les chevaux, les tigres, Venise ou la Bretagne, Lapicque saisit le mouvement dans un espace intensément coloré qui rappelle les audaces chromatiques des maîtres anciens de l’enluminure et du vitrail.

Ce dessin a d’abord un intérêt historique. Lapicque fut en effet lié par sa femme Aline à un réseau de résistance qui œuvrait à partir de la mairie du 14è arrondissement, à Paris. Plusieurs policiers attachés au commissariat installé dans le bâtiment de la mairie firent prévenir par le groupe résistant des personnes promises à une arrestation. L’intérêt du dessin est accru quand on sait que deux oncles (dont le père adoptif), le beau-père et une cousine de l’artiste ont été arrêtés eux-mêmes et retenus prisonniers.

L’artiste a traduit la gravité de son sujet en juxtaposant boucles et traits – transposition des figures anonymes et de leur arrestation -, un procédé rare chez Lapicque, qui fait le prix de ce dessin.

Sur le plan graphique, les figures bouclées préfigurent les squelettes des danses macabres. On reconnaît par ailleurs dans les « barres » réalisées au fusain l’armature – bleue puis blanche – que l’artiste-ingénieur utilisa dans ses peintures des années trente-cinq à cinquante. La juxtaposition des deux procédés graphiques évoque la structure d’un épouvantail.

Riche de peintures de Lapicque, le musée ne possède rien d’équivalent dans le domaine graphique. Le présent dessin enrichit la connaissance de cette période. (Notice de Rémi Cariel, 2009)

Historique : Collection Charles Lapicque ; Collection Norbert Ducros-Granderye

Don de Norbert Ducrot-Granderye par l’intermédiaire de la Société des Amis des Musées de Dijon, 2009
© photo François Jay

  • Auteur
    Charles LAPICQUE
  • Musée dans lequel l’œuvre est exposée
    Musée des Beaux-Arts de Dijon
  • Date
    1 janvier 2009