Pierre-Paul PRUD’HON

L’Apothéose de Racine.

L’Apothéose de Racine. Son génie et Melpomène le conduisent à l’immortalité
Dessin, vers 1793
Auteur :  Pierre-Paul PRUD’HON (Cluny, 1758 – Paris, 1823). École Française
Pierre noire et blanche sur papier bleu décoloré
Hauteur maximale de la feuille : 26,7 cm ; Largeur maximale de la feuille : 21,3 cm. Inv. 1995-6-1
Inscriptions / marques : inscription à la plume, de la main de Prud’hon : « Son génie et melpomene le mènent à l’immortalité »

Après sa formation à l’École de dessin de Dijon, sous l’égide du peintre François Devosge (1732-1811), Pierre-Paul Prud’hon remporte en 1784 le Prix de Rome délivré depuis 1776 par les États de Bourgogne. A Rome (1784-1788), passionné d’antique, lecteur de Johann Joachim Winckelmann (1717-1768), admirateur de Léonard de Vinci pour l’expression, il regarde les contemporains (Mengs) et se lie d’amitié avec Canova. C’est à contrecœur qu’il copiera, au palais Barberini, le très baroque plafond de Pietro da Cortona (1596-1669), dont il donne une magistrale interprétation néo-classique (musée de Dijon, salle des Statues). Délaissant le répertoire historico-mythologique traditionnel, son œuvre est essentiellement consacrée à l’allégorie, peinture d’idées et de sentiments dont il renouvelle le langage. Son métier est à la fois sensible et sensuel – on l’a surnommé très tôt « le Corrège français » pour son art du clair-obscur, en un temps qui privilégie la ligne – et puissant, comme l’attestent la vigueur de son trait même dans les dessins les plus gracieux (mais aux antipodes d’un Boucher) ou les contrastes lumineux dramatiques qui en font un des initiateurs du Romantisme. Longtemps célèbre pour ses dessins d’illustrations (Daphnis et Chloé ; La Mort de Virginie, Le Premier baiser de l’Amour), il connaît la consécration sous l’Empire (La Justice et la Vengeance divine poursuivant le Crime, 1808, Louvre), exécute le portrait de Joséphine (1805-1809, Louvre) et celui du Roi de Rome (1811, Louvre), devient professeur de dessin de Marie-Louise et conçoit le décor des fêtes du mariage de 1810, les meubles et le berceau offerts à l’impératrice par la Ville de Paris en 1810 et 1811. Son influence sur le XIXe siècle sera décisive, comme en témoigne l’admiration que lui porta Delacroix. (Notice de Sylvain Laveissière, 2015)

L’édition Didot des  » Œuvres de Jean Racine « , publiée en trois volumes de 1801 à 1805 et dédiée au Premier consul, est un monument de la typographie et de l’illustration. Celle-ci fut confiée à David, qui dirigea une équipe d’artistes : ses élèves Gérard, Girodet et Serangeli, mais aussi ses contemporains Peyron et Taunay et les sculpteurs Chaudet et Moitte, se partagèrent les cinquante-six planches (une par acte). Entreprise de longue haleine : Pierre Didot, dans un  » Avis « , précise  » que les dessins [avaient été ] commencés l’an Ier de la république « , soit en 1792-1793, et il racontera plus tard combien il avait eu de difficulté à faire travailler cette réunion de  » six ou huit peintres et douze ou quinze graveurs. C’était la tour de Babel avec la confusion des langages  » (Paul Lacroix, dit le Bibliophile Jacob, « Collection de cinquante-sept estampes dessinées et gravées pour les Œuvres de J. Racine, édition du Louvre, par les premiers artistes de la République française, Paris, 1877, p. 6). Prud’hon faisait partie des artistes choisis par Didot, et il commença des illustrations pour « Andromaque  » mais David n’approuvait pas ce choix :  » Dès qu’il se vit en lutte avec l’école de David, il [Prud’hon] renonça de son propre mouvement aux travaux qu’on lui avait commandés et se retira.  » (Jacob). C’est Girodet qui illustra la tragédie. Malgré les protestations de David, Didot maintint la collaboration de Prud’hon, qui fut limitée au seul frontispice : c’était une allégorie, et sa place en tête du premier volume le distinguait de la suite des illustrations supervisées par David. Ce dessin préparatoire,  » énergique et vaillant croquis  » (Goncourt), fut suivi d’un autre, très fini comme il se doit. Exposé hors catalogue au Salon de 1798, ce dernier était destiné au graveur Henry Marais, dont l’estampe (Goncourt 143), en sens inverse, avait été exposée en 1796 (n° 836) sans mention du nom du dessinateur … Dans cette  » distribution de prix  » (Séznec), un Racine souriant, l’air emprunté dans son costume de cour, s’avance timidement, sous le regard des poètes dramatiques de la Grèce, Euripide, Sophocle, Aristophane et Ménandre, dont les bustes ne sont ici qu’esquissés. Il est guidé par son génie (figure nue que la composition finale montrera de trois quarts face) et une Melpomène sévèrement drapée, vers l’Immortalité qui le couronne. (Notice de Sylvain Laveissière extraite de  » Prud’hon ou le rêve du bonheur « , Paris, Grand-Palais ; New-York, Metropolitan Museum of Art, 1997-1998)

Historique : Collection Bruun-Neergaard ; 1814, Paris, vente Bruun Neergaard, 27/08-07/09 ; Collection Brunet ; 1830, Paris, vente Brunet, 17-18 mars ; Collection B. de C. ; 1850, vente B. de C., 13-14/12 ; Collection François-Martial Marcille ; Collection Eudoxe Marcille ; 1995, Paris, Hôtel Drouot, 18 octobre

Don de la Société des Amis des Musées de Dijon, 1995
© photo François Jay

  • Auteur
    Pierre-Paul PRUD’HON
  • Musée dans lequel l’œuvre est exposée
    Musée des Beaux-Arts de Dijon
  • Date
    1 janvier 1995