Bénigne GAGNERAUX

Oedipe aveugle recommande sa famille aux dieux

Oedipe aveugle recommandant sa famille aux dieux
Tableau ? 1783
Auteur :  Bénigne GAGNERAUX, (Dijon, 1756 – Florence, 1795). École Française
Dessin peint à l’huile sur papier anciennement marouflée sur toile
Hauteur : 73 cm ; Largeur : 94,5 cm. Inv. 2003-1-1
Inscriptions / marques : signature / date en bas à gauche en bordure : « Gagneraux 1783 (?) »

Bénigne Gagneraux est l’élève de François Devosge à l’École de Dessin de Dijon de 1767 à 1776, date à laquelle il part à Rome aux frais de la province de Bourgogne.
Après des débuts difficiles, il obtient ses premiers succès grâce à sa composition de 1784, « Oedipe aveugle recommande sa famille aux dieux », que Gustav III de Suède lui achète, marquant là le début d’une grande faveur auprès de l’élite européenne alors présente à Rome. Il obtient dès lors une réputation à la mesure de sa clientèle tant romaine qu’étrangère : suédoise, mais aussi portugaise, suisse, enfin française, comble pour lui qui n’est jamais allé à Paris.
Si Goethe le classait parmi les artistes auxquels la France doit son extraordinaire réputation, au même titre que Desmarais ou Saint-Ours (« Italienische Reise », vol. III), il appartient pleinement au milieu culturel romain. Rome où se côtoient alors Füssli, Sergel, Canova, Batoni, Kaufmann ou encore David. (Notice d’Emmanuel Starcky, 2000)
Premier lauréat du grand prix de peinture de l’École de Dessin de Dijon en 1776, Gagneraux est pensionné à Rome par les Etats de Bourgogne jusqu’en 1781. Il décide ensuite d’y rester, malgré des conditions précaires, peignant des éventails et travaillant pour Piranèse. Remarqué pour des décorations à sujets bacchiques qu’il réalise dans les thermes de Dioclétien, le peintre reçoit à deux reprises la visite providentielle du roi Gustave III de Suède dans son atelier en 1784, événement qui lui assure alors une notoriété certaine. Le roi lui achète le tableau représentant Oedipe qu’il vient d’achever et lui en commande deux autres, un pendant pour Oedipe et l’ambitieuse composition représentant « L’entrevue du roi de Suède avec le pape Pie VI au Vatican » (1785, Stockholm, Nationalmuseum).
« Oedipe aveugle recommandant sa famille aux dieux », également conservé au Nationalmuseum de Stockholm (Huile sur toile, 1,22×1,63m) est donc le premier tableau important « d’invention » de l’artiste et son acquisition par Gustave III consacre durablement sa réputation auprès des milieux aristocratiques romains et suédois.
La correspondance de Gagneraux à son maître dijonnais, François Devosge, directeur de l’École de Dessin, permet de reconstituer la genèse de cette oeuvre élaborée entre 1780 et 1784. Jusque-là, on en connaissait quatre dessins préparatoires dont deux sont conservés à Dijon : une composition aboutie (plume, encre noire, lavis et rehauts de blanc, signé et daté 1780, 64 x 83, Inv. E.S.15) et une étude pour le groupe central (plume, encre noire et rehauts de blanc sur papier brun, daté 1784, 37,7 x 53,5, Inv. J 894). Les deux autres dessins sont conservés au Nationalmuseum de Stockholm (Étude du groupe central, pierre noire et plume, 30,2 x 44,8, Inv. 153/1979) et Nationalmuseum d’Helsinki (Étude de la scène complète, plume et encre brune, mis au carreau, 62 x 81, signé et daté 1784, Inv. 2988).
Dans le catalogue de l’exposition consacrée à l’artiste en 1983 (Dijon, Musée des Beaux-Arts et Académie de France à Rome, n°20-23), Sylvain Laveissière propose de classer ces quatre dessins dans l’ordre chronologique suivant : le dessin de Stockholm dont les figures n’ont pas encore trouvé leur place définitive, le dessin de Dijon de 1780 très proche déjà de la composition finale, le second dessin de Dijon de 1784, et celui d’Helsinki de 1784 présentant quelques variantes.
La présente oeuvre est donc totalement inédite et s’ajoute à cette série. Il s’agit de l’étude « mise en couleur » d’après le dessin abouti de Dijon de 1780, les deux oeuvres ayant quasiment les mêmes dimensions. La présence marquée dans cette esquisse du dessin sous-jacent témoigne de la technique couramment utilisée par l’artiste dans l’élaboration de ses oeuvres.
Le sujet, tiré de la tragédie de Sophocle, représente Oedipe venant de se crever les yeux, par désespoir de n’avoir pu échapper à la malédiction de son destin. Dans son palais de Thèbes, au milieu de son peuple, la tête levée vers le ciel, il partage sa douleur avec ses filles, Antigone et Ismène et ses fils, Eteocle et Polynice. En opposition à ce sujet dramatique, Gagneraux a choisi pour le pendant un sujet plus léger et érotique évoquant les amours de Télémaque dans l’île de Calypso : cette toile a disparu au XIXe siècle. (Notice d’Hélène Meyer, 2003)

Oeuvres en lien : ES 15 Oedipe aveugle recommandant sa famille aux dieux Autre étude
J 894 Oedipe aveugle recommandant sa famille aux dieux Autre étude

Historique : 2002, Paris, Christie’s, 27 novembre
Don de la Société des Amis des Musées de Dijon avec le concours du Conseil régional de Bourgogne (F.R.A.M.), 2003
© photo François Jay

  • Auteur
    Bénigne GAGNERAUX
  • Musée dans lequel l’œuvre est exposée
    Musée des Beaux-Arts de Dijon
  • Date
    1 janvier 2003